Un reportage de Hervé Corbières et Laïla Agorram
Une production Grand Angle Productions
Kalami Taputu et sa famille sont les seuls habitants de Mopélia, un atoll isolé des îles sous le vent. Ils vivent exclusivement de la vente du coprah et depuis des années, Kalami assiste impuissant au braconnage des tortues par les pêcheurs venus de Bora Bora ou de Maupiti. Entre 80 et 100 tortues sont tuées chaque semaine en Polynésie, pour être vendues sur le marché noir de Papeete, à plus de 1000 euros pièce. Une véritable filière organisée, car la viande de tortues reste très prisée des Polynésiens qui seraient prêts à débourser beaucoup pour en acquérir un kilo. La tortue est encore présente dans beaucoup de fêtes traditionnelles, mais aujourd'hui l'espèce est protégée et son trafic est sévèrement réprimé. Enquête au pays des tortues interdites.
Bonus : Tortues en danger
En Polynésie française, comme dans le reste du monde, les tortues marines sont en danger d'extinction. La réelle menace ne vient pas des prédateurs animaux mais de l'homme.
Sur les huit espèces de tortues marines actuellement reconnues, trois sont rencontrées dans les eaux polynésiennes : la tortue verte (Chelonia mydas) ou Honu, la tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata) ou Honu afii moa aore ou Honu kea et la tortue luth (Dermochelys coriacea) ou Marena.
Sacrée depuis l'origine des temps, considérée comme un don des ancêtres défunts, la tortue marque le début du calendrier lunaire qui gouvernait la vie polynésienne d'antan. Elle était dépecée et tuée sur le "marae" lors de grandes cérémonies rituelles. En dehors de ces évènements, il était interdit d'ôter la vie à une tortue sous peine d'être mis à mort à son tour. Avec la disparition de la tradition et le passage à une économie de marché, la chair de la tortue a fait l'objet d'un commerce intensif qui entraina la raréfaction de l'espèce.
La tortue verte doit davantage son nom à la couleur verte de sa graisse qu'à la couleur de sa carapace. Pourchassée pour sa chair et ses œufs depuis des années, elle fait l'objet d'un braconnage intensif qui alimente une activité commerciale illicite.
La tortue imbriquée intéresse les artisans pour sa carapace composée d'écailles imbriquées. Sa chair est en revanche réputée toxique.
La tortue Luth ne porte pas d'écailles mais est recouverte d'un épiderme gris-bleu dont l'aspect lui a valu le nom de "tortue cuir". Plus rare en Polynésie, la tortue Luth détient le record de plongé en étant capable de rester une demi-heure sous l'eau et dépasser les 1000m de profondeur. Elle est souvent victime d'occlusion intestinale due à l'absorption de sacs plastiques qu'elle confond avec les méduses.
Les tortues marines peuvent vivre entre 50 et 80 ans mais elles mettent plusieurs années à atteindre leur maturité (entre 20 et 50 ans selon les espèces) et à se reproduire. L'accouplement a généralement lieu non loin des côtes et les femelles se hissent hors de l'eau pour pondre sur la plage environ 4 semaines après. Elles pondent entre 50 et 150 œufs, ce qui permet de compenser les pertes importantes infligées aux jeunes tortues par de nombreux prédateurs : crabes, oiseaux, chiens et poissons carnivores. Une fois dans l'eau, les jeunes tortues se laissent dériver en haute mer avant de rechercher des aires d'alimentation. Elles sont capables d'effectuer des milliers de kilomètres pour relier les zones de reproduction et celles d'alimentation.
Source : www.moanaevasion.pf